Le Mambo

Les modifications rythmiques apportées par les frères Orestes 'Macho' et Israel 'Cachao' López à la fin des années 1930, qui mèneront plus tard au Mambo tel qu'on le connaît aujourd'hui, répondent au besoin exprimés par les danseurs de profiter d'un temps de danse plus vif que celui proposé par le Danzón.

Pourtant la danse qui accompagne le Mambo des années 1940, notamment joué par Dámaso Pérez Prado, ne sera pas issue du peuple et de leur créativité collective comme pour de nombreuses danses cubaines, mais de chorégraphie présentées dans les cabarets. La paternité de cette danse est attribuée au chorégraphe Roderico 'Rodney' Neira (aussi orthographié Neyra).

Histoire de la danse

Las mulatas del fuego
Las mulatas del fuego

Pour les besoins du film "Zamba Rumba" et de son show "Serenata Mulata", 'Rodney' Neira rassemble en 1947 un groupe de jeunes danseuses mulâtres appelées Las mulatas de Rodney (plus rarement nommées Ballet negro de Rodney. Il est composé de 6 danseuses et 2 modèles (Mercedes "Meche" Lafayette, Mercedes "Meche" Montaner, Marta Castillo, Anita Arias, Sandra Taylor, Olga Sotolongo et Olga Socarrás) et 3 chanteuses (Úrsula Hilaria Celia Caridad de la Santísima Trinidad Cruz Alfonso, Romana Elena 'Burke' Burguez González qui est aussi danseuse et Vilma Valle). La première représentation chorégraphiée par Alexander et Pablo Morè et dirigée par 'Rodney' a lieu au théâtre Fausto de la Havane. Durant le show, elles sont vêtues de tenues affriolantes pour l'époque.

Leur succès leur permet de jouer dans le film A la Habana me voy. En 1948, le directeur de cinéma Emilio 'El Indio' Fernández Romo et le directeur des Folies Bergères de Mexico 'Chato' Guerra les sollicite pour le tournage du film Maria la O au Mexique. La formation est renommée Las mulatas del fuego, nom trouvé par 'Chato'. Le succès de la revue leur permet de tourner aux USA, au Panamá, au Pérou, en Équateur ou au Chili.

À Cuba, après avoir occupé le Sans Souci, 'Rodney' est recruté en 1952 par le propriétaire Martín Fox du Tropicana afin de rendre ce lieu prestigieux. Il lui est demandé d'organiser des super-productions auxquelles participent les Las mulatas del fuego. La troupe se rend également en Uruguay, au Paraguay ou en Argentine. Elles jouent dans le film argentin Bárbara Atómica. Pour répondre aux sollicitations, plusieurs "variantes" du groupe sont mises en place et un nombre important de danseuses passent dans leurs rangs (Ninón Sevilla, Mercedes "Meche" Barba Feito, María Antonieta Pons, Amelita Vargas, Lilia Álvarez, Martha Averoff, Silma Varona Corría, Julia Borrell, Norma et Lidia Castro, Lina Ramírez...). Des groupes similaires voient le jour : Las Mamboletas de Gustavo Roig, Loquibambia ou Las Lugolinas d'Alejandro Lugo.

'Rodney' est crédité d'avoir inventé les pas de base du Mambo que les Mulatas del fuego ont permit de diffuser internationalement. Le pas de base est donc plutôt compliqué, d'autant plus que la musique est en général rapide à très rapide. Au départ, la danse est éxécutée en solo même si quelques pas en couple furent ensuite ajoutés.

Il faut toutefois mentionner une interview de Ignacio Jacinto 'Bola de Nieve' Villa y Fernández dans le livre Déjame que te cuente de Bola de Ramón Fajardo Estrada qui explique que la danse est née de l'imagination des Cubains notamment des Noirs en réaction aux danses que l'on peut voir dans les dernières séquences du film Morena oscura.

Pas de base

La plupart des pas et figures peuvent être réalisés face à face sans se tenir ou en position sociale fermée. Dans le premier cas, ils peuvent être exécutés en "miroir" entre le cavalier et sa partenaire (pied opposés) ou de manière "croisée" (même pied). Dans le second cas, pour raison d'espace, ils ne peuvent être effectués que de manière croisée (même pied).

Pas de base

Le pas de base est un pas pointé qui marque les temps avec le métatarse du pied. Le geste réalisé en alternance avec un pied puis avec l'autre. Ce mouvement est accompagné par la main opposée au pied qui marque le temps, l'autre restant au niveau de la taille. Le torse effectue un geste d'avant en arrière et le bassin d'avant en arrière pour les hommes et déhanché de côté pour les femmes. Ceci entraîne un léger mouvement de tête au rythme du torse.

Pas latéral et avant/arrière

Ce pas reprend la rythmique des danses antérieures comme celle du Son mais il est effectué sur le temps et non sur le contre-temps. Il peut être réalisé latéralement ou devant/derrière avec une forte flexion des genoux et un mouvement de main qui accompagne chaque pas.

Pas "twist"

Une des figures consiste à jeter un pied sur le premier temps et réaliser une sorte de "twist" sur les 3 temps suivants. Ce pas est ensuite repris dans la direction opposée en inversant les pieds. Les bras restent au niveau de la ceinture.

Pas "chignon"

Les danseurs se penchent vers l'avant avec un mouvement sauté sur le premier temps, comme s'ils voulaient envoyer leur chignon devant eux. Sur le troisième temps, ils sautent vers l'arrière en s'appuyant sur un des talons et en tendant l'autre pied. Chaque mouvement est précédé de frappes dans les mains qui sont effectuées juste avant le temps.

Pas sauté

Ce pas est composé de plusieurs séquences. D'abord, les danseurs sautent de côté en côté. Ensuite, ils tendent un pied vers l'avant, vers l'arrière, puis vers l'avant à nouveau tout en sautillant en équilibre l'autre pied. Après cela, ils effectuent un tour sur place avant d'effectuer 2 sauts sur les côtés et un saut vers l'arrière.

Cuadrado ou cajón

Danseur et danseuse effectuent, en sans opposé, un carré dans un sens puis dans l'autre. Chaque côté de ce carré est parcouru par un pas sauté. Ce mouvement est bien plus rapide et déplacé que les précédents.

Le Mambo aux USA

À l'éxtérieur de Cuba, le Mambo rencontre un énorme succès, en particulier au Mexique ou aux USA. Cette musique envahit New-York et ses salles de danse. On parle alors de "Mambo craze". La danse va alors évoluer et s'éloigner de plus en plus de la danse cubaine d'origine.

Initialement programmé au Palladium (une des plus célèbres salle de danse new-yorkaise) le dimanche matin, le Mambo s'installe ensuite le mercredi soir puis s'étend progressivement à tous les jours de la semaine. Ce lieu devient vite 'Le Temple du Mambo'. Le mercredi soir, la salle organise le Mamboscope ; un cours de Mambo gratuit, suivi d'une compétition de danse amateur et d'une démonstration de professionnels pour 1 dollar 75. Tous les meilleurs danseurs s'y retrouvent, habillé avec élégance pour l'occasion, comme Pedro 'Cuban Pete' Aguilar et Carmela 'Millie Donay' Dante Di Stefano, Frank 'Killer Joe' Piro, Augustin 'Augie' Rodríguez et Margo Bartolomei 'Rodríguez', Louie 'Máquina' Flores, Luis Aníbal 'Andy' Vázquez Plaza, Samson Batalla, Joe Centeno, Joe Vega, Nilda Terrace, Michael 'Michael Mike Terrace' Santiago Gutierrez de Lozano et Elita Cleveland, Carmen 'Denchi' Cruz et Gene Ortíz, Larry Selon et Vera Rodriguez, Larry Selden ou 'Paulito' et 'Lilón'.

Contrairement à Cuba où le Mambo a évolué selon une série de mouvements chorégraphiés, les danseurs new-yorkais laissent libre cours à leur imagination. L'improvisation y est centrale, à tel point que la danse n'est pas structurée autour d'un pas de base. Les compétitions entre danseurs stimulent la création et la popularité de ce Mambo.

Aux États-Unis, la danse Mambo va se structurer autour d'un pas de base composé de 3 pas et d'une pause. Pour le différencier du Mambo cubain, il prend le nom de Mambo Palladium. La danse est rapide et son interprétation met en avant le côté spectaculaire.

Dans les années 1980, le danseur portoricain Eddie Torres sera l'un des plus grands représentants de cette danse. Il sera d'ailleurs surnommé "the Mambo King". Cette danse est aussi appelée "Salsa on 2", Mambo new-yokais, Salsa "style Mambo" ou Salsa "style New-york".

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