Le Yambú

Le Yambú aussi appelé Rumba de Cajón est l'une des plus anciennes formes du complexe de la Rumba.

Naissance du Yambú

Cette variante de la Rumba date de la seconde partie du 19ème siècle, dès les premiers temps de l'arrivée dans les villes des esclaves africains affranchis. Le lieu de naissance de cette expression musicale urbaine est discuté ; généralement attribué à Matanzas, certains le lient à la Havane. La premier Yambú serait "El Yambú" qui contient le fameux refrain "Avé María morena" qui exalte la beauté d'une femme noire.

Le mot "yambú" viendrait de "yambula" qui signifie "terre des tourbillons" en souvenir des terres africaines des collines Briyumba.

Après la révolution de 1959, le Yambú, en voie de disparition, dut être sauvé, notamment grâce au travail du Conjunto Folklórico Nacional de Cuba.

Les instruments

Les formations de Yambú était à l'origine construite autour de 3 cajones aussi appelés cajas (caisses en bois qui remplacent les tambours prohibés par les autorités).

Yambú (cajón)
Yambú (cajón)

Ces cajones portent les noms de :

  • salidor, tumba, tumbadora, bass ou hembra, tambour le plus grave qui maintient la rythmique ;
  • segundo, tres-dos, tres golpes, repicador, llamador, macho ou seis por ocho, tambour moyen qui complète la base rythmique ;
  • quinto, tambour le plus aigu qui improvise.

Dans les premiers Yambús, le repicador n'était pas présent. Il fut rajouté par la suite. Aujourd'hui, il est courant de compléter cette instrumentation par des tumbadoras ou congas, notamment pour la partie du repicador.

Cet ensemble est complété par :

  • des claves ;
  • une guagua (morceau de bambou) frappée grâce à des palitos (baguettes) qui peut aussi être une cajita (petite caisse en bois) percutée avec des cuillères. Le rythme joué par cet instrument, souvent appelé catá, complète celui de la clave ;
  • des marugas (shakers en métal) ;
  • des chekerés.

La structure du Yambú

La structure du Yambú n'a pas changée depuis son origine. C'est d'abord la clave en 3/2 qui débute pour établir le rythme de base. Puis, les autres instruments entrent progressivement.

Le chant peut alors commencer par une longue introduction appelée lamento (lamentation), llorao, lalaleo ou tarareo similaire à la diana du Guaguancó. Durant cette partie, le chanteur soliste ou gallo (qui signifie "coq"), parfois en alternance avec le chœur, prononce des sons sans signification : "belé belé belé", "a la la la", "a na na na", "que bueno, que bueno aé"... Certains y voient une influence du Cante Jondo, un chant flamenco andalou.

Vient ensuite le canto qui est composé :

  • d'une longue première partie appelée la tema, constituée de courtes mélodies en mode majeur et improvisées par le soliste parfois accompagné de quelques chanteurs du chœur, qui permet d'exposer le thème du morceau. On dit que le chanteur est en train de decimar bien qu'il n'utilise pas forcément la décima ;
  • d'une seconde section nommée l'estribillo (refrain) dans lequel tout le chœur ou vasallo se joint au chanteur soliste.

S'installe alors un dialogue, appelé le montuno, entre le soliste (tambour ou chanteur) qui mène l'inspiración (improvisation) et le chœur qui répète à l'unisson le capetillo (courte phrase de support/relance pour celui qui improvise). L'intensité et parfois le tempo de cette partie responsoriale ne cesse d'aller crescendo pour se terminer sur le cierre (phrase de conclusion).

Les paroles, en espagnol, font souvent référence à la vie quotidienne. Par exemple, dans "Mama'buela", on raconte l'histoire d'un jeune garçon qui ne va pas à l'école. Sa grand-mère, quand elle le croise dans la rue, essaye de lui faire entendre raison.

Le rythme

Le Yambú se caractérise par un tempo peu élevé ; c'est la plus lente des formes de la Rumba. Ceci lui vaut l'appellation de Rumba des personnes âgées.

On joue actuellement 2 version du Yambú. Voici une version de la Havane :

Yambú (clave)
Yambú (clave)
Yambú (tumba)
Yambú (tumba)
Yambú habanero (guagua)
Yambú habanero (guagua)

Voici un exemple de Yambú de Matanzas :

Yambú matancero (clave)
Yambú matancero (clave)

Le rythme de clave du Yambú matancero est aussi appelé clave Yambú.

Yambú matancero (tumba)
Yambú matancero (tumba)
Yambú matancero (repicador)
Yambú matancero (repicador)
Yambú matancero (guagua)
Yambú matancero (guagua)

Le quinto improvise en s'appuyant sur ces bases rythmiques.

Parmi les groupes majeurs de la Rumba, on peut citer :

  • Los Muñequitos de Matanzas
  • Clave y Guaguanco
  • Yoruba Andabo
  • Afrocuba de Matanzas
  • Conjunto Folklórico Nacional de Cuba
  • Los Papines
  • Afrekete

Voici quelques Yambús que vous pouvez écouter :

  • "Chévere" (1997) de Clave y Guaguancó - Yambú
  • "Avé María morena" (1963) du Conjunto Folklórico Nacional de Cuba - Yambú
  • "Taiwiri" (1993) de Yoruba Andabo - Yambú
  • "Obsesión sublime" (2002) de Los Muñequitos de Matanzas - Yambú

Le Yambú :

Le Cajón :

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