Le Jazz Afrocubain

L'histoire du Jazz Afrocubain, mélange entre rythmes cubains et harmonies Jazz, est longue et complexe. Ses origines étant partagées entre Cuba et les États-Unis, il fit intervenir des musiciens cubains, portoricains et américains.

Les débuts du Jazz à Cuba

Le Jazz cubain commence à la Nouvelle-Orléans à la fin du 19ème siècle lorsque la ville accueille par centaines des immigrés cubains et leurs musiques. Le ferry qui relie la Havane et la Nouvelle-Orléans facilite l'échange culturel entre les 2 villes. Les musiciens cubains apportent leurs chants et leurs rythmes à la musique présente dans le sud de la Louisiane. De cette époque, seul le nom du cornettiste Manuel Peréz (certains disent le trompettiste Jésus Peréz) reste dans l'Histoire.

Dès le début du 20ème siècle, les orchestres américains qui deviendront plus tard des formations de Jazz incluent des Habaneras dans leur répertoire comme en témoigne la "Solace" de Scott Joplin (1909). Son rythme, le Tango-Congo, infiltre le Jazz naissant comme on peut l'entendre dans la musique de Ferdinand Joseph 'Jelly Roll Morton' Lamothe (ligne de basse du morceau de piano "The crave", 1910) ou William Chistopher 'W.C.' Handy (ligne de basse des titres "Memphis Blues", 1912 et "Saint Louis Blues", 1914). 'Jelly Roll Morton' qualifie lui-même ces compositions de "spanish tinge" (qui signifie littéralement "teinte espagnole" mais qui doit être compris comme "teinte cubaine"). Comme l'indique Wynton Marsalis, le tresillo devient la clave de la musique de la Nouvelle-Orléans.

C'est au cours de la seconde intervention militaire américaine à Cuba, entre 1906 et 1908, que des éléments précurseurs du Jazz font leur entrée sur l'île. Les troupes américaines et leurs orchestres militaires véhiculent le Diexieland. Au contact de ces formations, les musiciens cubains des bandas de l'armée insulaire, de la Banda municipale de la Havane et de l'orchestre de police apprennent les rythmes américains du début du siècle.

Le noir américain et joueur de banjo 'Santiago' Smood ou 'Santiago' Smut est l'un de ces soldats débarqués à Santiago de Cuba (d'où son surnom). Il apprend le tres et, s'associant avec le madrilène Constantino López, forme le premier duo de Jazz à Cuba, nommé El gallego y el americano aussi appelé El blanco y el negro. Rapidement, ils déménagent et s'installent dans la cave La zambumbia de la vieille Havane. Plusieurs instrumentistes cubains se passionnent pour cette nouvelle musiques et se retrouvent lors de Jam sessions, comme celles organisées calle Chávez, chez Bienvenido Hernández, entre les musiciens Hugo Siam (guitare et basse), 'Pucho' Jiménez (tres), José Dolores Betancourt (contrebasse), César Arjona (batterie) et Bienvenido 'El Americano' Hernandez (piano).

Le saxophone fait également son apparition dans l'instrumentation cubaine. En 1912, Antonio María Romeu intègre un saxophone ténor dans sa típica. Germán Lebatard fait de même et peu après, Luis López Viana adopte aussi cet instrument.

On trouve également trace de cette activité autour du Jazz à Matanzas et à Sagua la Grande où Pedro Stacholy est à la tête d'un véritable Jazz-band nommé Jazz Band Sagua et créé en 1914 (piano, trompette, cornet, flûte/saxophone, violon, trombone, tuba, batterie et güiro).

Pour animer les soirées du week-end, les hôtels, cabarets et casinos n'hésitent pas, dès le début des années 1920, à faire venir par ferry des orchestres américains jugés plus prestigieux : Max Dolin au Sevilla Biltmore (1919), Coleman 'Bean' Hawkins à la Havane (1923), Paul Withman à l'Hôtel President, Vincent López au Sevilla, Ted Naddy au Jockey Club (1924), Jimmy Holmes au cabaret La Verbena à Mariano (1925), Chuck Howard tourne entre La Verbena, le Tokio et le Montmartre... La première partie est souvent assurée par des ensembles cubains dont les musiciens remplacent parfois à la dernière minute ceux qui sont absents dans les orchestres américains. Durant des séjours de moyenne durée dans l'île (allant jusqu'à quelques années), des musiciens comme Max Dolin, Jimmy Holmes ou Chuck Howard organisent des ensembles avec des musiciens cubains. Par exemple, René 'El Jiníguano' Oliva (trompette) et Lázaro Herrera (trompette) rejoignent Jimmy Holmes. Ainsi, les instrumentistes de l'île se forment au Jazz américain en reproduisant fidèlement ce qu'ils ont entendu soit en live, soit sur des disques.

Les musiciens cubains apprennent vite et, parallèlement aux formations américaines, des orchestres purement cubains de Jazz voient le jour à la Havane. Le premier généralement cité étant le Cuban Jazz Band de Jaime Prats Estrada fondé en 1922. Cette formation inclut notamment son fils, Rodrigo Ricardo Prats Llorens (violon), Alberto Socarrás Estacio (flûte et saxophone) et Hernán 'Pucho' Jiménez (trombone à coulisse). Il est probable que cet ensemble ait été complété par une contrebasse, une batterie, un banjo et un cornet. La même année, naît Los califates. Comme son noyau est majoritairement composé de membres de la famille Palau, l'orchestre prendra le nom de Los hermanos Palau à la fin de la décennie. Bienvenido Hernández fonde son quartet en 1924, El americano, avec Lolo Betancourt (trombone), Hugo García (guitare et contrebasse), Pucho Jimenéz (tuba) et lui-même (piano). En 1924, Moisés Simons Rodríguez crée son groupe, composé d'un piano (Moisés Simons Rodríguez), d'un violon (Virgilio Diego), d'un saxophone (Alberto Soccarás), d'un saxophone ténor (José Ramón Betancourt), d'un banjo, d'une contrebasse (Pablo O'Farrill), d'une batterie et de timbales, qui joue sur le toit du Plaza Hotel de la Havane. En 1928, il intégrera Julio Cueva (trompette) et Enrique Santiesteban (chant et batterie).

Après 1925, les Big Bands prolifèrent :

  • Los diplomáticos de Froilán Maya ;
  • Los hermanos Lebatard, en 1926, doté de trompettes, d'un saxophone, d'un saxophone ténor, d'un piano et de percussions ;
  • le quartette de Teddy Henríquez, en 1926, avec Alberto Jiménez Rebollar (batterie) et Célido Curbelo (piano) ;
  • l'Orquesta Avilés prend le format Jazz Band en 1928 et se fait appeler l'Orquesta hermanos Avilés ;
  • Los Hermanos Castro, en 1929, qui compte un saxophone, un trombone, 2 trompettes, un piano, un violon, une contrebasse, un chanteur et ponctuellement une batterie ;
  • Hugo Siam monte son septeto dans la seconde moitié des années 1920, qui se produit au cabaret El pirata à Cojimar ;
  • Pedro Carbó met en place sa propre formation à la fin des années 1920 ;
  • José Ramón Betancourt fonde l'Orquesta Cuba composé d'une dizaine de musiciens.

L'orchestre fondé par le flûtiste José Antonio Curbelo joue au cabaret Summer Casino à Mariano en été et au cabaret Tokio l'hiver d'où, en 1927, il est l'acteur de la première émission radiophonique de Jazz en direct. Son ensemble est composé de José Antonio Curbelo (flûte), Heriberto Curbelo et Amadito Valdés (saxophone), René Oliva (trompette), son frère Célido Curbelo (piano) et Alberto Jiménez Rebollar (batterie et chant) plus une contrebasse et un banjo. La formation sera renforcée par Armando Romeu Junior et Prudencio Mario Bauzá Cárdenas à la clarinette qui s'éprennent pour les harmonies du Jazz, plus sophistiquées que celles de la musique populaire cubaine de l'époque.

Ces formations, sous l'influence des Jazz Bands américains, adoptent un format dit "tipo Jazz band" composé d'une forte section de saxophones, d'un trombone, de 2 trompettes, d'une contrebasse, d'une batterie et d'un ou plusieurs chanteurs. Le piano est généralement présent et les percussions cubaines trouvent aussi leur place. L'assimilation de ce format musical est facilitée par la grande proximité qui existe entre les orchestres típica cubains et les formations de Jazz qui utilisent tout deux des instruments à vent comme le cornet, la clarinette ou le trombone. Les timbales cubaines vont être progressivement remplacées par la batterie, proche cousine qui n'était jusqu'alors que peu utilisée dans la musique de l'île. Ces ensembles s'inspirent des arrangements novateurs conçus par Don Redman pour Fletcher Henderson.

Ces formations cubaines ne jouent pas qu'une musique nord-américaine. Leur répertoire comprend :

  • la musique traditionnelle cubaine : Danzón, Habanera, Bolero... ;
  • un Jazz "à l'Américaine", qui est plus une adaptation du Jazz opérée par les musiciens blancs pour le rendre accessible aux classes intermédiaires (Fox-Trot) qu'un Jazz pur ;
  • un Jazz à la saveur cubaine résultant du mélange des 2 précédents. Par exemple, les musiciens insèrent un extrait de Dixieland ou de Ragtime comme partie centrale de leurs Danzones. Ils intègrent naturellement leurs instruments traditionnels comme les bongos, les tumbadoras ou les claves.

À partir de la fin des années 1920, une partie des cubains qui jouent du Jazz quittent l'île pour tenter leur chance aux US. Le Jazz cubain va donc se développer dans 2 pays : aux États-Unis où les musiciens cubains vont travailler avec les grands créateurs nord-américains et créer très rapidement de nouvelles sonorités imprégnées des rythmes insulaires et à Cuba où, à côté de la musique traditionnelle, des artistes vont tenter de proposer un Jazz qui curieusement va chercher à se conformer au son américain.

Les prémices du Jazz Afrocubain à New York

Alberto Socarrás
Alberto Socarrás

En 1927, Alberto Socarrás Estacio est l'un des premiers cubains à quitter l'île. Il joue d'abord dans l'orchestre de Vicente Sigler, considéré comme le premier directeur musical cubain aux États-Unis, créé en 1926 et installé au McAlpin Hotel de New-York. Puis, Alberto Socarrás se fait une place dans le Jazz américain. Il enregistre le premier solo de flûte de l'histoire de cette musique en 1927 avec l'orchestre Clarence Williams Blue Five de Clarence Williams sur le morceau "Have you ever felt that way?". Célido Curbelo suit les pas d'Alberto Socarrás. C'est le début d'une grande vague d'immigration de musiciens cubains vers New-York. Nombre d'entre eux forment leurs orchestres dans lesquels sont recrutés de musiciens américains et portoricains :

  • Alberto Socarrás crée en 1934 une formation de Jazz que le pianiste vénézuélien Norosbaldo 'Noro' Morales intègre en 1935. Cette orchestre comptera aussi dans ses rangs Ramón 'Mongo' Santamaría Rodríguez. Son ensemble est présent dans tous les hauts lieux du Jazz new-yorkais. Il alterne sur les diverses scènes avec des grands noms comme 'Duke' Ellington, Louis Daniel Armstrong, Bessie Smith ou 'Cab' Calloway. Puis, il crée en 1937 son orchestre Alberto Socarrás and his magic flute, qui joue de la musique cubaine ou du Jazz en fonction du public. Il joue avec Erskine Ramsay Hawkins ;
  • le violoniste Alberto Iznaga, arrivé aux États-Unis en 1929, crée sa formation. Il travaillera notamment avec 'Dizzy' Gillespie. Il forme en 1938 son Orquesta siboney ;
  • José Curbelo, débarqué au début des années 1930, fonde en 1942 son groupe qui incluera Ernesto Antonio 'Tito' Puente Jr et Pablo Tito Rodríguez Lozada ;
  • en 1940, le pianite Anselmo Sacasas forme le Havana royal orchestra dans lequel jouera également 'Tito' Puente ;
  • Miguel Ángel Eugenio 'Miguelito' Lázaro Zacarías Izquierdo Valdés Hernández, après avoir joué dans l'Orquesta Siboney d'Alberto Iznaga, avec Xavier Cugat, Tito Rodríguez et 'Machito', dirige son propre orchestre.

Justo Ángel 'Don' Azpiazu quitte le Havana Casino Orchestra qui se produit au Casino Nacional de la Havane et se rend aussi aux États-Unis en 1930. Il emmène avec lui le chanteur, vedette du moment, Antonio Abad Lugo Machín. C'est durant cette même traversée que Mario Bauzá, qui avait déjà effectué un voyage en Amérique en 1926 au cours duquel il avait abandonné la clarinette pour le saxophone, s'exile également.

Mario Bauzá
Mario Bauzá

En 1930, 'Don' Azpiazu présente un spectacle au Palace Theater de Broadway qui inclut son "The peanut vendor" (reprise de "El manisero" de Moisés Simón Rodríguez) interprété par Antonio Machín. Il remporte un réel succés et popularise le Son-Pregón qui prendra pourtant le nom de Rumba ou Rhumba. En 1931, 'Don' Azpiazu cherche un trompettiste pour sa formation. La légende raconte que Mario Bauzá s'engage à apprendre l'instrument en 2 semaines et, y parvenant, enregistre avec le groupe. La même année, il remplace ainsi Remberto Lara, trompettiste du Cuarteto Machín. Il joue ensuite dans les Jazz Bands noirs de Cass Carr (1932), Noble Sissle (1932), Sam Wooding (1932), Chick Webb (de 1933 à 1938) dont il devient le directeur d'orchestre à partir de 1934, Donald Matthew 'Don' Redman (1938), Fletcher Henderson (1938) et Cabell 'Cab' Calloway (entre 1939 et 1941) pour remplacer le trompettiste Adolphus Anthony 'Doc' Cheatham. En 1939, Mario Bauzá conseille à 'Cab' Calloway de choisir le jeune saxophoniste John Birks 'Dizzy' Gillespie. 'Cab' n'apprécie pas la manière d'aborder les solos de 'Dizzy' et qualifie sa musique de "chinoise". Après une altercation musclée, les 2 hommes se séparent en 1941.

L'influence des rythmes cubaines commence alors à se faire sentir au travers de divers morceaux comme "Caravan" en 1936 qui est enregistré l'année suivante ou comme "Conga brava" (1940) et "Perdido" (1942), composés par le tromboniste portoricain Juan Tizol pour Edward Kennedy 'Duke' Ellington. Les reprises de "El manicero" par Louis Armstrong (1930), Ernest Loring 'Red' Nichols (1930) et 'Duke' Ellington (1931) en sont d'autres exemples. C'est durant cette période que 'Dizzy' Gilespie découvre les rythmes afro-cubains en fréquentant le club Savoy Ballroom, dont les soirées sont animées par l'orchestre d'Alberto Socarrás. Ce dernier va l'initier aux rythmes cubains et à la clave. 'Dizzy' participe également à un groupe éphémère en compagnie de Mario Bauzá, en marge de l'orchestre de 'Cab' Calloway. Cette influence ne va pas tarder à se faire entendre dans la musique du trompettiste à travers des thèmes colorés comme "Pickin' the cabbage" (1940) ou "A night in Tunisia" (1942).

Les tentatives de mélange entre rythmiques cubaines et harmonies Jazz ont commencé dès les années 1930 comme avec la version "St. Louis Blues" de Los Hermanos Castro en juillet 1931, les enregistrements de Sydney Bechet avec l'Haïtian orchestra en novembre 1939 ou Estoy cansado de 'Cab' Calloway et Mario Bauzá en 1940, mais ce ne sera que dans les années 1940 sous l'influence de la formation Machito y sus afrocubans que le Jazz Afrocubain prit vraiment naissance.

Machito y sus afrocubans

'Machito' Grillo
'Machito' Grillo

En 1937, Mario Bauzá fait venir son beau-frère, Francisco Raúl Gutiérrez 'Franck Machito' Grillo, à New York. Ce dernier forme son orchestre Machito y sus afrocubans en 1940. Dès sa première représentation au Park Plaza Hotel, la formation se fait remarquer pour son intensité et son originalité musicale. Mario Bauzá le rejoint et en prend la direction en 1941. Il ajoute un saxophone, des trompettes, d'autres trombones et une conga, faisant appel à des boppers. La section rythmique, qui ne contient pas de batterie, est construite autour de percussions latines uniquement. Francisco 'Chino' Pozo rejoint la formation aux bongos puis 'Tito' Puente y fait un court passage aux timbales en mars 1942 avant d'être appelé dans la Marine pour le service militaire. L'année suivante, c'est au tour de 'Machito' Grillo d'être mobilisé. Il est remplacé par une de ses sœurs, Graciela Pérez-Gutiérrez, et par le chanteur portoricain Polito Galíndez.

Basé sur les recherches des créateurs du Be-Bop ('Dizzy' Gillespie, Charles Christopher 'Charlie' Parker ou Kenneth 'Kenny' Spearman Clarke), Mario Bauzá commence à écrire pour la formation. Il demande aux percussionistes de jouer en clave. Le mélange entre le 6/8 du conga, le 2/4 des timbales, les bongos, les maracas, le güiro et la clave en support des harmonies et des solos de Jazz donne une polyrithmie qui va révolutionner le monde musical new-yorkais en proposant une nouvelle façon de jouer du Jazz. Cette instrumentation fait se rejoindre les congas de la Rumba, les timbales du Danzón et les bongos du Son.

Le morceau considéré comme étant la première œuvre de Jazz Afrocubain est "Tanga" (synonyme de "marijuana") en 1943. Ce titre, basé sur la clave, est attribué à Mario Bauzá bien qu'en réalité, il soit issu d'une descarga (jam session) qui eut lieu le 29 mai 1943 au Park Palace Ballroom durant laquelle Mario Bauzá demanda à ses musiciens d'improviser sur la base de "El botellero" de Gilberto Valdés qu'il aurait entendu la veille interprété par le pianiste Luis Varona et le contrebassiste Julio Andino au club La Conga. Machito y sus afrocubans connaissent alors un succès considérable. Le morceau "Tanga" est choisi comme jingle de la publicité du club La conga (futur Birdland) à la radio. Durant plusieurs années, Machito y sus Afrocubans est un permanent de ce club dans lequel le public se mélange, Noirs et Blancs, Américains, Portoricains et Cubains, amateurs de Jazz et amateurs de musique latine, spectateurs et danseurs.

'Machito' Grillo retrouve sa formation fin 1943. Découvrant le morceau "Tanga", il ne parvint pas à y intégrer de parole et préfère y ajouter un scat. En 1945, le pianiste José 'Joe Loco' Estévez part pour l'armée. Il est remplacé par René Hernández. Ce dernier marque la sonorité du groupe avec une ligne de piano dans laquelle le premier temps est peu accentué. Il devient arrangeur du groupe avec Mario Bauzá.

La formation joue alors dans tous les grands clubs de Jazz new-yorkais : le Royal Roost, le Bop City ou le Birdland. En 1947, Arturo 'Chico' O'Farill compose l'Afro-cuban Jazz suite interprétée et enregistrée par 'Machito' Grillo et Mario Bauzá avec 'Charlie' Parker, Joseph Edward 'Flip Phillips' Filipelli et Buddy Rich en 1948 et avec 'Dizzy' Gillespie en 1950.

'Dizzy' et 'Chano'

'Dizzy' Gillespie
'Dizzy' Gillespie

Au printemps 1947, 'Dizzy' Gillespie embauche sur conseil de Mario Bauzá le percussionniste 'Chano' Pozo pour remplacer Diego 'Mofeta' Iborra aux congas. 'Dizzy', qui fréquente assidûment le Palladium Ballroom pour y écouter des groupes "latins", cherche à donner une couleur plus latine à sa musique. Avec 'Machito' Grillo et Mario Bauzá, le Jazz avait été incorporé à la musique cubaine alors qu'avec 'Dizzy', c'est l'inverse qui se produit. Après plus d'une demi-année de mise au point entre la batterie de Joe Harris et les congas, 'Chano' joue effectivement dans l'orchestre de 'Dizzy' le 29 septembre 1947 au cours d'un mémorable concert au Carnegie Hall. Le mélange du Be-Bop de 'Dizzy' Gillespie et des rythmes cubains de 'Chano' Pozo prendra le nom de Cubop.

Il ne faut pourtant pas oublier qu'Arturo 'Chico' O'Farrill avait déjà été précurseur en superposant quelques phrases de Be-Bop sur des rythmes latins dans un arrangement fait pour Rita Montaner en 1945 qui ne fut cependant jamais enregistré.

'Chano' Pozo
'Chano' Pozo

'Chano' Pozo et 'Dizzy' Gillespie jouent des thèmes qui vont devenir des standards du Jazz Afrocubain comme "Cubana be, cubana bop" composé par George Allen Russell, 'Dizzy' Gillespie et 'Chano' Pozo en 1947, le titre référence "Manteca" écrit par 'Chano' Pozo et affiné par 'Dizzy' Gillespie et Walter Gilbert 'Gil' Fuller en 1947, "Tin tin deo" de 'Chano' Pozo et 'Dizzy' Gillespie en 1947 ou "Guarachi Guaro" de 'Chano' Pozo et 'Dizzy' Gillespie en 1948. Le public américain mais aussi européen grâce à une tournée durant l'hiver 1948 découvre cette fusion musicale. Le Jazz Afrocubain va alors se démocratiser. Malheureusement, 'Chano' Pozo sera assassiné la même année, à seulement 33 ans, pour des histoires de marijuana. Malgré sa courte carrière, 'Chano' Pozo est considéré comme l'un des plus grands congueros de l'histoire de cet instrument et un musicien de génie.

Le Jazz Afrocubain à partir des années 1950

Le Jazz Afrocubain prend de l'ampleur. Nombre important d'artistes et de compositeurs jouent et enregistrent une multitude d'œuvres de Jazz Afrocubain.

Machito y sus Afrocubans

Influencé par la musique de 'Dizzy' Gillespie et 'Chano' Pozo, Mario Bauzá modifie "Tanga" en 1948 pour le rendre plus Be-Bop. Joué sous le nom de "Cubop City" au Apollo Theatre, il fait entendre les solos d'Howard McGhee à la trompette et Brew Moore au saxophone ténor. 'Charlie' Parker (saxophone) et Flip Phillips (saxophone ténor) participent à l'enregistrement de ce titre.

Chaque années et pendant 22 ans depuis la moitié des années 1950, Machito y sus Afrocubans joue en été pendant 10 semaines au Concord Resort Hotel. En 1957, 'Machito' Grillo enregistre l'album Kenya sur lequel il invite de nombreux musiciens comme Adolphus Anthony 'Doc' Cheatham (trompette), Joseph Dwight 'Joe' Newman (trompette), Julian Edwin 'Cannonball' Adderley (saxophone), Eddie Bert (trombone), 'Cándido' Camero de Guerra (percussions) ou Carlos 'Patato' Valdés (percussions). La plupart des titres sont composés par Albert 'Ahmad Khatab Salim' Atkinson ou par la collaboration René Hernández et Mario Bauzá.

En 1975, 'Machito' Grillo se sépare de Mario Bauzá et Graciela Pérez-Gutiérrez. Il oriente sa musique vers la Salsa et allègue sa formation pour effectuer une tournée en Europe.

'Chico' O'Farrill

Après le succès de son Afro-Cuban Jazz Suite, 'Chico' O'Farrill écrit pour Stan Kenton, Benny Goodman, Machito y sus Afrocubans et Count Basie. Il compose également pour sa propre formation qui intègre notamment Mario Bauzá et Flip Phillips avec qui il enregistre en 1952 la Second Afro-Cuban Jazz suite. Il joue alors dans le club Birdland.

En 1954, il compose la Manteca Suite (qui comporte 4 mouvements nommés "Manteca", "Contraste", "Jungla" et "Rhumba") enregistrée par un grand orchestre incluant 'Dizzy' Gillespie, James Louis 'Jay Jay' Johnson, Eli 'Lucky' Thompson, Charlie Persip et la section rythmique de Machito y sus Afrocubans (dont José Mangual, Ubaldo Nieto, 'Mongo' Santamaría et 'Cándido' Camero).

En 1973, il arrange Drum Fever pour 'Cándido' Camero. L'année suivante, il compose "Oro, incienso y mirra" enregistré en 1975 par 'Dizzy' Gillespie, Machito y sus Afrocubans et Mario Bauzá.

En 1995, 'Chico' O'Farrill compose "Pure emotion". Ceci relance sa carrière. En 2000, le cinéaste Fernando Trueba fait appel à lui pour son film sur le Latin-Jazz intitulé Calle 54. Il y dirige un grand orchestre pour son Afro-Cuban Jazz Suite.

Mario Bauzá

Entre 1941 et 1975, Mario Bauzá continue d'être le directeur musical de l'orchestre Machito y sus Afrocubans. En 1952, il signe avec Grace Sampson and Bobby Woodlen le titre "Mambo inn". En 1975, il se sépare de 'Machito' Grillo qui prend le chemin de la Salsa. Il crée son propre orchestre dans lequel des musiciens comme Paquito D'Rivera, 'Patato' Valdés ou José Fajardo. En 1986, il retrouve le chemin des studios avec son Afrocuban Jazz Orchestra. Dans les années 1990, Mario Bauzá enregistre plusieurs albums : Tanga (1992), The time is now (1993) et à titre posthume 944 columbus (1994).

'Dizzy' Gillespie

En 1952, 'Dizzy' Gillespie part pour la France. Il y crée un autre Big Band et prend conscience qu'il peut diriger une formation. Il revient aux USA en 1953.

'Dizzy' Gillespie fonde le United nation orchestra en 1988. Paquito D'Rivera en prend la direction.

Stan Kenton

Au début des années 1947, le pianiste Stan Kenton compose un morceau intitulé "Machito" écrit par Pete Rugolo, en hommage au travail réalisé par l'ensemble Machito y sus Afrocubans. Ce titre est considéré par beaucoup comme le premier enregistrement de Jazz Afrocubain par un musicien américain de Jazz. Il grave en 1947 une version du célèbre "El manicero" avec une partie de la section rythmique de Machito y sus Afrocubans. En 1956, le grand orchestre de Stan Kenton sort l'album Cuban Fire dont le thème principal du même nom est composé par Johnny Richard.

'Mongo' Santamaría

Le percussionniste Ramón 'Mongo' Santamaría Rodríguez enregistre en 1959 le titre "Afro-blue" qui restera dans les standards du Jazz Afrocubain.

'Charlie' Parker

'Charlie' Parker a participé à beaucoup de collaborations pour des enregistrements de Jazz Afrocubain. Il connaît bien la musique cubaine pour avoir hanté tous les bons clubs et pu écouter Machito y sus Afrocubans notamment.

Mario Bauzá dira de 'Charlie' Parker qu'il n'a jamais eu aucun problème avec les rythmes cubains, chose qu'il n'arrivait pas à croire.

Cal Tjader

Callen 'Cal' Radcliffe Tjader Jr. commence jeune la batterie. Il joue dans le Brubeck Trio entre 1949 et 1951 avant de fonder son groupe, The Cal Tjader trio, en 1951. Il rejoint en 1953 le quintet de George Shearing, Wrap your troubles in drums, en tant que vibraphoniste. Il y joue également de la batterie et des bongos. Au cours des voyages de la formation, il découvre le Jazz Afrocubain joué par Machito y sus Afrocubans et Chico O’Farrill.

En 1954, 'Cal' Tjader quitte le groupe pour créer son ensemble, The Cal Tjader modern mambo quintet, qui joue des rythmes latins avec les instruments classiques du Jazz. Ensuite, il enregistre avec diverses formations éphémères dont The Cal Tjader quartet. En 1956, il enregistre avec August Rodney 'Gus' Mancuso. Puis, il enregistre avec Stan Getz l'album The Cal Tjader-Stan Getz sextet en 1958. 'Cal' Tjader ouvre le second Monterey Jazz Festival en 1959 avec une formation, The Cal Tjader modern mambo quintet, qu’il continuera de diriger entre 1959 et 1962. Avec ces divers orchestres, il joue en compagnie de William 'Willy Bobo' Correa, 'Mongo' Santamaría, 'Cándido' Camero, Armando Peraza, Eddie Palmieri, 'Tito' Puente...

En 1961, 'Cal' Tjader signe pour Verve Records qui lui offre un large budget, l'autorisant à étendre son domaine stylistique. Il joue avec Boris Claudio 'Lalo' Schifrin, Anita 'O'Day' Belle Coltron, Kenneth Earl 'Kenny' Burrell, Donaldson 'Donald' Toussaint L'Ouverture Byrd II, Armando 'Chick' Anthony Corea, Clare Fischer ou James Edward 'Jimmy' Heath. C'est avec Soul Sauce (1965) qu'il obtient son plus grand succès. Cette reprise de "Guacha Cuaro" de 'Dizzy' Gillespie et 'Chano' Pozo rend populaire le terme Salsa.

En 1966, 'Cal' Tjader enregistre avec Eddie Palmierie l'album El sonido nuevo qui prépare la naissance de l'Acid-Jazz. Il participe à la fondation de l'éphémère label Skye Records avec le guitariste Gábor István Szabó et le vibraphoniste Gary McFarland. Ses albums "Solar heat (1968) et Tjader plugs in (1968/1969) sont précurseurs de l'Acid Jazz.

Dans les années 1970, il fait face à la concurrence du Rock 'n' Roll. Il ajoute alors des instruments électroniques à sa formation et commence à employer une base rythmique Rock sur ses arrangements. Le résultat donne Amazonas (1975). C'est durant cette période qu'il fait la rencontre du conguero Poncho Sanchez. À la fin des années 1970, il mélange Jazz et arrangements latins et devient indubitablement le leader non latin de Latin-Jazz le plus réputé.

Au début des années 1980, 'Cal' Tjader abandonne les sons électroniques et la base rythmique Rock pour revenir à un son plus classique qui a fait son succès. Il construit alors une formation composée de jeunes musiciens talentueux dont Mark Levine (piano), Roger Glenn (flûte), Vince Lateano (batterie), Robb Fisher (basse) et Poncho Sanchez (congas).

'Cal' Tajder aura une grande influence sur la génération de vibraphonistes qui va le succéder.

'Tito' Puente

'Tito' Puente joue dans divers groupes de Jazz Afrocubain dont l'orchestre de José Curbelo puis avec Machito y sus Afrocubans avant de créer en 1947 sa propre formation Piccadilly Boys.

En 1956, il s'oriente vers le Jazz avec l'album Tito goes Jazz. En 1970, il rejoint le Latin percussion Jazz ensemble avec 'Patato' Valdés avec lequel il grave 2 albums et part en tournée en Europe et au Japon. À partir des années 1980, 'Tito' Puente va se consacrer au Latin-Jazz. Il travaille avec les frères Jerry et Andy Gonzalez et 'Dizzy' Gillespie.

'Patato' Valdés

Les percussionniste cubain 'Patato' Valdés arrive aux États-Unis en 1954. Il enregistre le disque Afrocuban l'année suivante. En 1956, il rejoint 'Tito' Puente et 'Mongo' Santamaría à l'Apollo Theater pour l'enregistrement de Puente en percussion. Il collabore avec 'Mongo' Santamaría (dans le sepectacle Changó au Palladium), avec 'Cándido' Camero, 'Tito' Puente, Machito y sus Afrocubans ("Kenya" en 1957, "With flute to boot" en 1958), Arthur 'Art' Blakey ("Orgy in rythm" en 1957), Herbie Mann ou 'Dizzy' Gillespie. Il retrouve 'Tito' Puente pour l'album Tambó en 1960.

En 1963, il enregistre Patato y totico. Il participe sur toute sortes de projets dont, pour n'en citer que quelques uns, Latin jam avec le flûtiste Johnny Pacheco en 1965, Descarga 77 avec Israel 'Cachao' López en 1977, le Latin percussion Jazz ensemble, Afrocuban Jazz avec Mario Bauzá en 1986, Bebo rides again avec Ramón Emilio 'Bebo' Valdés Amaro en 1994, Ritmo y candela avec José Luis 'Changuito' Quintana Fuerte, Walfredo de los Reyes et Orestes Vilató en 1995, Ritmo y candela 2 avec Orestes Vilató, 'Changuito', Omar Sosa, Yosvany Terry et Iván 'Melón' González en 1999 ou El arte del sabor avec 'Bebo' Valdés et 'Cachao' López en 2000.

En 2000, Fernando Trueba l'invite pour son film Calle 54. Début 2001, il participe au projet Los originales avec les plus anciens jazzmen cubains.

Armando Peraza

Armando fait ses premiers pas de percussionniste dans l'orchestre d'Alberto Ruiz. Il joue ensuite dans de nombreux grands orchestres de la Havane comme le Conjunto Kubavana.

Après un court passage par le Mexique, il rejoint les États-Unis en 1949 aux côtés de 'Mongo' Santamaría. Il joue avec Machito y sus Afrocubans avant que 'Charlie' Parker l'engage pour un enregistrement en compagnie de 'Buddy' Rich. Il enregistre et tourne ensuite avec Bulee 'Slim' Gaillard à partir de novembre 1949. Au sein de l'orchestre de Dámaso Pérez Prado, il fait à nouveau un détour par le Mexique. À son retour, il s'installe à San Francisco et joue avec 'Dizzy' Gillespie et 'Slim' Gaillard. Il part également en tournée avec Charles Mingus et Dexter Gordon. En parallèle, Armando Peraza dirige une revue de danse afro-cubaine dans le club Cable Car Village de San Francisco.

En 1954, Armando Peraza rencontre 'Cal' Tjader avec qui il enregistre un disque de rythmes afro-cubains teinté de Jazz, Ritmo caliente. S'ensuit Mas ritmos caliente en 1957. Durant cette période, il rencontre également le bassiste Al McKibbon et le pianiste Albert George Shearing. Armando Peraza intègre pour 12 ans la foramtion de ce dernier avec laquelle il connaît une véritable célébrité.

En 1959, il participe avec 'Mongo' Santamaría et Francisco Aguabella à l'enregistrement de l'album Mongo qui inclut le célèbre "Afro-blue". Il retrouve à nouveau 'Cal' Tjader au début des années 1960 pour 6 ans. Il joue également pour une émission de télévision The Judy Garland Show entre 1963 et 1964.

Il grave un album solo en 1968, Wild thing LP, sur lequel sont invités 'Chick' Corea, Sadao Watanabe et Johnny Pacheco.

Lorsque le Rock se répand, Armando Peraza est le premier percussionniste qui ajoute les congas à cette musique, notamment sur Cristo redentor (1968) de Harvey Mandel. Puis il rejoint le guitariste Carlos Alberto Santana Barragán en 1972 qui mélange rythmes afro-cubains, Jazz, Rock et Blues. Il parcourt le monde entier avec ce groupe pour lequel il joue pendant presque 20 ans. Il écrira plusieurs titres pour la formation. Il quitte Santana en 1990 pour ne plus apparaître qu'à de plus rares occasions.

Ray Barretto

Ray Barretto commence en 1949 par jouer des percussions dans l'orchestre d'Eddie Bonnemere. Au début des années 1950, il fait la première partie de 'Charlie' Parker à l'Apollo Harlem. Ce dernier l'invite pour le concert du soir. Il remplace ensuite 'Mongo' Santamaría dans l'orchestre de José Curbelo avec 'Tito' Puente. Il y restera 4 ans.

En 1961, sur demande de la maison de disque Riverside, il fonde une charanga. Assez rapidement, il change de maison de production. D'abord Tico puis la Fania avec laquelle sa carrière évolue vers la Salsa. Il fera un détour vers le Jazz entre 1976 et 1978 et oscillera de nouveau entre Latin-Jazz et Salsa dans les années 1990.

Francisco 'Chino' Pozo

Le percussionniste cubain 'Chino' Pozo arrive à New-York en 1937. Il joue alors avec Machito y sus Afrocubans de 1941 à 1943 puis avec Jack Cole entre 1943 et 1949. Ensuite, il collabore avec nombre de musiciens de Jazz Afrocubain et Latin-Jazz comme José Curbelo, Noro Morales, 'Tito' Puente, Tito Rodríguez, Enric Madriguera, Dámaso Pérez Prado, Josephine Premice, Tadley Ewing Peake 'Tadd' Dameron, 'Charlie' Parker ou 'Dizzy' Gillespie.

Il participe aux tournées de Peggy Lee (1954 et 1955), Stan Kenton (1955), Herbie Mann (1956), Xavier Cugat (1959) et René Touzet (1959).

Herbie Mann

En 1959, le flûtiste Herbert Jay 'Herbie Mann' Solomon fonde un groupe de Jazz Afrocubain qui rencontre un grand succès. Il grave l'album Flutista.

Du Jazz Afrocubain au Latin-Jazz

Dans les années 1960, le Rock prend la vedette au Jazz qui ne retrouvera plus le succès qu'il a pu connaître durant la première moitié du siècle. Malgré cela, de nombreux instrumentistes de talent ont pris la relève.

À l'image de la fusion avec les rythmes cubains, le Jazz se métisse avec des rythmes d'autres origines comme ceux du Brésil. Le nom Latin-Jazz englobe toutes ces variantes. Le mot Jazz Afrocubain tend à être oublié au profit de ce dernier.

Le Jazz Afrocubain :

  • "The peanut vendor" (1930) interprété par Louis Armstrong - Jazz
  • "Saint Louis Blues" (1931) interprété par Los hermanos Castro - Jazz
  • "Caravan" (1936) de Juan Tizol - Jazz
  • "Tanga" (1943) de Mario Bauzá - Jazz Afrocubain
  • "Manteca" (1947) de 'Chano' Pozo - Jazz Afrocubain
  • "Zambia" de René Hernández - Jazz Afrocubain
  • "Conga Blue" interprété par 'Poncho' Sanchez - Jazz Afrocubain
  • "Jazzin'" de 'Tito' Puente avec 'La India' - Jazz Afrocubain
  • "Un poco mas" de 'Tito' Puente - Jazz Afrocubain

Le Jazz Afrocubain :

Orchestres "tipo Jazz band" :

Le Cuban Jazz Band :

Los hermanos Palau :

Los hermanos Lebatard :

Orquesta hermanos Avilés :

Los hermanos Castro :

Alberto Soccarás :

Mario Bauzá :

'Machito' Grillo :

Machito y sus afrocubans :

'Chano' Pozo :

'Dizzy' Gillespie :

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