Aggayú Solá

Présentation générale d'Aggayú Solá

Aggayú Solá, Aganjú, Aganju, Aganyu ou Agayu est un Orisha majeur qui représente le volcan, le magma et l'intérieur de la Terre. Il symbolise les immenses forces et énergies de la nature comme la puissance d'un tremblement de terre ou d'un raz-de-marée, la capacité d'un fleuve à séparer des territoires, la lave d'un volcan qui perce la croûte terrestre pour être expulsée à la superficie ou les forces de gravitation de la Terre et de l'univers. Dans la nature, il est représenté par une éruption volcanique violente. Quand les Hommes ne respectent pas la planète, il provoque un tremblement de terre.

Il représente également les déserts, les terres arides et les rivières qui se déchaînent. C'est le maître du feu. Il est dit que durant le processus de création de la Terre, il absorba l'énergie des entrailles de la planète.

C'est le géant de l'Ochá ou Oshá (spiritualité qui représente une énergie de la Terre). Ses pas sont très grands et il se reconnaît car il lève beaucoup les pieds quand il marche. Aggayú Solá a un tempérament belliqueux et colérique. Il aime cependant hisser des enfants sur ses grandes épaules. C'est le báculo (soutien, support) d'Ochá et plus particulièrement d'Obbatalá.

Certains disent qu'il vit au centre de la Terre. D'autres, comme le racontent certains patakís, pensent qu'il habite dans les rivières. Il se réfugie dans les palmiers, surtout quand il rencontre des situations difficiles.

Aggayú Solá est le patron des marcheurs, des voyageurs, des transporteurs, des dockers, des personnes qui exercent un travail de force, des automobilistes et des aviateurs. Il protège contre les accidents automobiles, les problèmes de pression sanguine et la fièvre.

Aggayú Solá vient des mots Yorubas "aginjù" qui signifie désert et "àlá", couvrir. Son nom veut donc dire "celui qui couvre le désert de sa voix". C'est l'amant d'Obbatalá Oshanla et d'Obbatalá Yembó. Aggayú Solá porte aussi les noms (caminos) de :

Caminos
  • Aggayú Solá Kinigua ;
  • Aggayú Solá Larí ;
  • Aggayú Solá Babadina ;
  • Aggayú Solá Aggarí ;
  • Aggayú Achí Bonlé.

Son culte vient des terres africaines Arará et Fon. Parfois, il est assimilé à Aganjú, 6ème alafín (roi) d'Oyó. Dans le Palo, il porte le nom de Quendú, Brazo Fuerte, Bola del Mundo ou Cabo de Guerra. En langue fon et à Haïti, on le nomme Agasú.

Ses "fils" sont violents, irascibles, colériques et sont physiquement très forts. Leur colère ressemble à un volcan en éruption. Ils sont aussi sensibles et apprécient la tendresse. Les enfants les ravissent. Ce sont des proies faciles pour les femmes d'apparence fragile car ils aiment protéger les faibles.

Son histoire

Histoire d'Aggayú Solá

Aggayú Solá est le fils d'Oroiña. Certains disent que c'est le père de Changó et d'Orungán. Plus rarement, il est considéré comme étant le frère ainé de Changó. Ceci explique qu'il partage beaucoup de caractéristiques avec Changó : même tenue, mêmes couleurs, offrandes communes et tous deux sont des rois qui possèdent un tempérament similaire.

Patakís

Patakí (histoire) sur Aggayú Solá

Aggayú Solá était un géant puissant et redouté, le roi des rivières. Il avait l'habitude d'aider les gens à traverser les fleuves larges et turbulents contre rémunération. De temps en temps, il faisait une faveur à Yemayá (certains disent à Ochún) qui ne le payait mais passait la nuit en sa compagnie pour lui faire plaisir. Changó vit le jour de cet union sans qu'Aggayú Solá n'en soit informé.

Le géant était tellement craint que même s'il laissait la porte de sa maison, pourtant pleine de viandes et de fruits, ouverte, personne ne se risquait à entrer. Un jour pourtant, le jeune Changó s'installa dans la demeure et mangea tout ce qu'elle contenait, à tel point qu'il s'y endormit. Aggayú Solá rentra des champs et vit ce spectacle. Sans réfléchir, il le souleva et le mit sur un bûcher qui, bien évidemment, ne brûlait pas. Il emmena le tout près de la mer pour le noyer. Yemayá apparut alors et lui dit très solennellement que c'était son fils.

Autre version de ce premier patakí

Aggayú Solá travaillait dur près de la rivière. Ce géant faisait ce qu'il aimait faire, aider les gens à traverser les eaux de la rivière. Jour après jour, ils étaient toujours plus nombreux à solliciter son aide. Il décida alors de demander rémunération pour son assistance.

Un jour, une jeune femme approcha de son bateau et lui demanda d'être transportée au nord de la rivière. Subjugué par la beauté de cette demoiselle, toute de blanc vêtue, et par la pureté de son regard, il l'aida sans rien lui demander. Elle s'installa aux devants de son navire. Sa peau semblait aussi douce que du beurre de cacao et l'argent de ses bracelets se reflétaient dans l'eau. Elle ne dit mot durant le trajet.

Approchant du nord de la rivière, Aggayú Solá hésita à lui demander son dû. Elle commença à se préparer à descendre du bateau. Il la retint tout de même par la main pour lui demander poliment son paiement. La jeune femme le regarda, étendit son châle dans l'herbe près de la rivière, se dévêtit et sans qu'Aggayú Solá n'ait pu dire un mot, elle s'allongea dans une posture suggestive et demanda qu'il la rejoigne. Ce dernier, séduit depuis le début du voyage, n'hésita pas. Il marcha vers elle, puis l'embrassa et lui fit l'amour durant des heures.

Suite à leurs ébats, la jeune inconnue prit un bain dans la rivière et se rhabilla. Aggayú Solá fit également un plongeon dans le fleuve. Pendant ce temps, elle noua le châle autour de sa tête, s'approcha des bords de la rivière et se décida à lui annoncer qu'il avait fait l'amour avec la grande Yembó (un camino d'Obbatalá). Aggayú Solá resta silencieux, confu, pendant qu'elle s'en allait devant ses yeux.

Les années passèrent. Un beau jour, un jeune garçon marchait dans la forêt. Fatigué et affamé, il cherchait un endroit pour se reposer. Il trouva alors une porte. Il entra, traversa un immense couloir et pénétra à l'intérieur d'un volcan, la maison d'Aggayú Solá. Il vit de la nourriture en abondance et mangea tout ce qu'il put avaler puis s'endormit. De retour de sa journée de travail, Aggayú Solá comprit rapidement qu'il y avait quelque chose d'anormal chez lui. Il pris son oché pour chasser l'intrus. Cette recherche le mena dans sa chambre. Il vit une forme dans son lit. En retirant les couvertures, il découvrit le corps d'un jeune homme, apeuré par la rencontre avec le géant.

Aggayú Solá prit cet intrus par le pied et le traîna jusqu'au milieu de sa forteresse. Pendant ce temps, le jeune qui essayait de se débattre dévoila son nom, Changó, fils de la grande Yembó. Il le jeta près de la piscine de lave, situé au centre de sa maison. Aggayú Solá lui expliqua qu'il avait été avec Yembó plusieurs années auparavant. Changó se rappela que sa mère lui avait parlé de son père, un géant qui comptait les courants des rivières. Aggayú Solá, en colère, ne crut pas ce dernier. Il était déterminé à en finir. Changó tomba dans le bassin de lave chaude. La rage d'Aggayú Solá était telle que cette piscine s'éleva au sommet du volcan et celui-ci entra en éruption. Changó fut éjecté et emmené sur des kilomètres et des kilomètres jusqu'à l'océan.

Changó, bien que ne sachant pas nager, tenta frénétiquement de remonter à la surface. En vain. Heureusement qu'une magnifique sirène apparut et lui porta secours. Elle le mena jusqu'au rivage. Changó compta son histoire, expliquant qu'il était le fils de Yembó. Cette fit alors son apparition. Elle lui dit qu'il n'aurait pas du aller voir son père. Elle savait cependant que ce jour arriverait lorsque Changó voudrait le connaître. Yembó, qui devait retouner au ciel, proposa à son fils de la suivre. Il refusa, expliquant qu'il voulait découvrir le monde. Yembó demanda à la sirène, Maselobi, de veiller sur Changó et de l'élever.

Maselobi emmena Changó chez Aggayú Solá. Celui-ci s'inclina à la vue de Maselobi car elle faisait partie du royaume des océans. Elle lui indiqua qu'il avait commis une erreur en renvoyant un jeune garçon, surtout quand il s'agit de son fils. Aggayú Solá regarda Changó comme si c'était impossible. Elle lui fit remarquer que ce dernier ne présentait aucune trace de brûlure, signe qu'il portait ses gènes du feu. Aggayú Solá accepta cette évidente et s'excusa auprès de son fils Changó, dieu du feu. Il lui donna libre accès à sa forteresse et lui offrit tout ce qu'il souhaitait. Maselobi proposa d'élever Changó, avec la permission de Yembó. Aggayú Solá aurait le droit de rendre visite à Changó quand il le souhaiterait. Depuis, ils devinrent inséparables.

Autre patakí sur Aggayú Solá

Changó passait de temps à autres par le village d'Orunzale. Il y croisait un peuple marchant comme des zombis. Il commença à chercher qui était le roi de ces gens. Après de nombreux efforts, il découvrit qu'il s'agissait d'Aggayú Solá. Il alla le voir. Ce dernier, en colère, lui demanda pourquoi il se posait cette question. Changó répondit : "Papa, ce peuple ne peut pas être dirigé par un roi si fort. Tous marchent mal, n'entendent pas, ne répondent pas, ne parlent pas. Je ne veux pas qu'ils continuent à souffrir de la sorte".

Ainsi, ils se mirent d'accord et depuis, Changó s'occupe de la tête des hommes et Aggayú Solá de leurs épaules. C'est pour cela que les "fils" d'Aggayú Solá sont en parfaite union avec Changó.

Les caractéristiques d'Aggayú Solá

Les couleurs d'Aggayú Solá sont le rouge sombre et le blanc ou 9 couleurs, noir exclus. Il est vêtu d'une veste et d'un pantalon de couleur rouge sombre. Des foulards multicolores sont attachés à sa ceinture. Son collier (eleke) est composé de perles de couleur marron cacao, matipó, perle, bleu turquoise, rouge et pour certaines occasions jaune ou vert. D'autres le fabriquent en répétant plusieurs sections faites de 8 perles jaunes, 9 rouges et une grande blanche. On peut aussi le confectionner avec des perles couleur cacao alternées avec des perles matipó interrompues toutes les 9 perles par une rouge, bleue turquoise, verte ou jaune.

Son attribut de pouvoir est un oché ou oshé (hache à double tranchant rouge et blanche avec des touches jaunes et bleues) et un bâton. Parmi ses attributs, on compte 9 armes de combat, des haches à double tranchant, 2 oggués (cornes de jeune taureau), un bâton, 18 mates (graines arrondies que l'on trouve sur les bords de mer), des comètes et une poignée d'escargots.

On lui sacrifie des taureaux, des chèvres, des poules, des pintades, des tortues et des colombes. Les offrandes (addimú) qui lui sont faites sont des fruits de toute sorte, des aubergines, des galettes de maïs grillé, de la melado de caña (confiture de canne), de l'alpiste, un gâteau de galettes liées par de l'huile de palme ou de la melao rojo. Il est important que les offrandes soient faites par groupe de 9 : 9 aubergines qu'elle apprécie tout particulièrement, un gâteau de 9 galettes...

Les plantes (ewes) associées à Aggayú Solá sont :

Ewes
  • Álamo ;
  • Atiponlá ou Moco de pavo ;
  • Baría (Cordia gerascanthus) ;
  • Bledo punzó ;
  • Cebolla (Allium cepa) ;
  • Curujey (Hohenbergia penduliflora) ;
  • Jobo (Spondias mombin) ;
  • Marpacífico ;
  • Miraguano (Thrinax wendlandiana) ;
  • Paraíso (Melia azedarach) ;
  • Platanillo de Cuba ;
  • Zarzaparrilla (Smilax havanensis).

Son réceptacle est un vase en terre cuite ou un plateau en bois, peint de 9 couleurs. Il est dit qu'il ne doit pas être recouvert car on ne peut couvrir un volcan.

On le salue avec la formule suivante : ¡Aggayú Solá Kinigua oggé ibbá eloní!

Ses chiffres sont le 9 et ses multiples. Ses jours sont le mercredi et le 16 de chaque mois. Son jour saint est le 16 novembre.

Syncrétisme

Aggayú Solá est associé à San Cristóbal (25 juillet), patron de la ville de la Havane. Cette assimilation s'explique par le fait que San Cristóbal était un géant qui aida l'enfant Jésus à traverser une rivière, comme dans une des patakís d'Aggayú Solá. À Santiago de Cuba, il est aussi associé à San Miguel Arcángel.

Les toques

Durant l'Oru Seco, on lui dédie un toque comprenant 2 rythmes :

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