Les origines de la fiesta de los bandos
La fiesta de los bandos rojo y azul voit le jour à la fin des années 1920 sous la dénomination bailes guajiro. On raconte que Pedro García Méndez, un homme de la haute société aux origines hispaniques, de Sancti Spíritus mais installé à Majagua, aimait le Punto de parranda. Lors des fêtes, il organisait les danses et partageait sa famille en 2 bandos ("groupes") afin de les mettre en compétition fraternelle. Cette pratique fut reprise et fêtée tous les ans à partir de 1929 par l'association Unión Club qui devient ensuite Unión latina (en fusionnant avec Colonia española).

Arrivés près de l'orchestre, l'hyme national est chanté et Cuba et Liborio récitent quelques décimas ("dizains") qui parlent de la fête ou de thèmes patriotiques. Enfin, les comparsas, composées d'une trentaine de couples, interprètent l'une après l'autre leurs danses. Au fil du temps, les danses se sont enrichies avec le Zumbantonio, le Zapateo, la Caringa, le Papalote, le Gavilán... Ensuite, un jury, composé de quelques membres de l'orchestre, se réunit autour du directeur de la formation pour désigner le bando ayant exécuté les plus belles chorégraphies, annonçant par la même occasion le début de la fête.

Les femmes étaient vêtues de longues robes soit bleues soit rouges, parées de colliers et bracelets de perles, des fleurs dans les cheveux et un éventail à la main. Les hommes portaient une guayabera (chemise traditionnelle cubaine en toile de coton blanc), des guêtres, un chapeau de paille, un foulard au cou et une machette à la main. Dans les premières années, limitée aux personnes blanches de bonne famille, cette fête dont l'objectif était de réunir des fonds pour l'association ne possédait pas le caractère populaire qu'elle connaîtra plus tard.
Dans les années 1939/1940, un troisième bando du nom de Desguaso, représenté par la couleur verte, fit son apparition suivi d'une quatrième, Las mujeres del palmar. Cette fête fut célébrée jusque dans les première années de la dictature de Rubén Fulgencio Batista y Zaldívar.
Le retour de la fiesta de los bandos
Ce n'est qu'après la Révolution, qu'Ángel Morán, récemment diplomé de l'Escuela Nacional de Instructores de Arte ("École nationale des instructeurs d'Art"), commence en 1966 à redonner vie aux musiques et danses rurales de la fiesta de los bandos rojo y azul. Il rétablit ces festivités tout en incorporant la population noire. Pour maintenir ces traditions, le conjunto musico-dansant Cabalgata Guajira est fondé. Ce projet n'obtint pourtant pas un soutien suffisant pour permettre la compétition entre bandos chaque année. Grâce à la volonté de passionnés de faire revivre ces traditions, la fiesta de los bandos rojo y azul retrouve petit à petit un second souffle. En 1973, Cabalgata Guajira prend le nom de conjunto artístico XX Aniversario en hommage à l'assaut de la Moncada du 26 juillet 1953. En 1980, les comparsas font définitivement leur retour pour rester présentes chaque année. La diversité des danses réalisées se multiplie. Ces festivités sont alors célébrées durant la semana de la Cultura de Majagua ("semaine de la culture à Majagua") qui a lieu mi-novembre.
Aujourd'hui, le jury qui choisit le meilleur bando est composé de spécialistes. Bien que ludique, cette opposition dont l'objectif principal est le maintien de cette tradition rurale est prise très au sérieux par les membres des bandos qui se préparent toute l'année dans le plus grand des secrets. Les groupes ont des danses imposées que sont le Zapateo, le Papalote, le Gavilán, le Zumbantonio, la Caringa et l'Anda Pepe ou Anda Joaquina.
Ces festivités sont l'occasion de recréer la vie des campagnes cubaines : les bohíos (sorte de hutte circulaire), cerdo asado en púa ("porc rôti"), combats de coqs, chevaux, bon café... Hors de la compétition des adultes, les enfants organisent eux-aussi leur comparsa pour défendre le bando.
La fiesta de los bandos rojo y azul :
