La Habanera

Naissance de la Habanera

Tout comme pour la Danza, l'origine de la Habanera n'est pas parfaitement claire. Il existe plusieurs versions.

Une première version explique que la Habanera ou Contradanza habanera n'est rien d'autre que la Contradanza jouée à Cuba. Le terme "habanera" ne sert alors qu'à différencier la Contredanse cubaine de la Contredanse européenne.

Une autre version, que l'on trouve plus fréquemment, dit que la Contradanza habanera est née à la Havane vers 1830. Selon le musicologue Alejo Carpentier, la Contradanza habanera est une manière locale de jouer la Contradanza en 2/4. Cependant, jusqu'à sa popularisation hors de Cuba, les Havanais n'utilisaient pas ce nom. L'innovation la plus importante, par rapport à la Contradanza est rythmique. La Contradanza habanera fait ainsi plus référence à un rythme spécifique qu'à une musique ou une danse particulière. Ce rythme, très proche du tresillo de la clave de son, est une courte figure rythmique, jouée par la basse, que l'on écrit en 2/4 de la façon suivante :

Rythme de la Habanera
Rythme de la Habanera

Une autre différence notable entre la Contradanza et la Contradanza habanera concerne l'introduction du chant. En effet, il est souvent dit que la Contradanza donna naissance à la Danza qui, avec un tempo plus lent et un air plus mélancolique, laissa de l'espace pour les strophes chantées. C'est ainsi qu'apparut la Contradanza habanera. Les paroles, lyriques et langoureuses, sont généralement octosyllabiques.

La Contradanza habanera, par ces deux caractères, montre qu'elle est le fruit du mélange d'influences africaines (le rythme de la Contradanza habanera vient du Tango Congo d'origine Bantú) et d'influences espangoles (certains facteurs mélodiques ont une provenance hispanique).

La Contradanza habanera est dansée de manière plus gracieuse que la Contradanza.

Le premier morceux identifié comme Contradanza habanera est "La Pimienta", écrit en 1836 et dont on ne connaît pas l'auteur. Vers 1840, le terme Contradanza habanera devient tout simplement Habanera. On trouve également l'appellation Havanaise.

À partir des années 1870, la Habanera disparaît à Cuba au profit du Danzón bien qu'Eduardo Sánchez de Fuentes signe "Tú" en 1892 qui connaît un énorme succès. Actuellement, la Habanera n'est presque plus jouée.

Tú (paroles de Fernando Sánchez de Fuentes de 1894)

En Cuba,
isla hermosa del ardiente sol,
bajo tu cielo azul,
adorable trigueña
de todas las flores la reina eres tú.
La palma,
que en el bosque se mece gentil
tu sueño arrulló
y un beso de la brisa
al morir de la tarde, te despertó.
Fuego sagrado guarda tu corazón.
El claro cielo su alegría te dio.
Y en tus miradas ha confundido Dios
de tus ojos la noche
y la luz de los rayos del sol.
Dulce es la caña pero más lo es tu voz
que la amargura quita del corazón,
y al contemplarte suspira mi laúd
bendiciéndote hermosa, sin par,
¡Ay! Porque Cuba eres tú.

L'internationalisation de la Habanera

Au milieu du 19ème siècle, la Habanera s'est répandue en Europe et en Amérique où, étrangement, elle eut un succès plus important qu'à Cuba.

Voici comment elle est arrivée en Europe : elle a été ramenée par les marins en Espagne où elle devint très populaire. Le compositeur espagnol Sebastián Iradier y Salaverri composa alors l'une des plus célèbres Habaneras intitulée "La Paloma" vers 1860. Titre qui fit en partie le grand succès de la Habanera. Elle est alors dansée par toutes les classes de la société. Jules Massenet l'inclut même dans son ballet dans Le Cid (1885). Elle est également très appréciée dans les salons français et anglais. La Habanera se retrouve alors dans beaucoup de compositions de musique classique comme, par exemple, dans Carmen de Georges Bizet (1875), dans Havanaise de Camille Saint-Saëns (1887), dans Vocalise-Étude en forme de Habanera de Maurice Ravel (1907) ou dans Habanera for orchestra d'Emmanuel Chabrier. Des musiciens espagnols comme Manuel de Falla ou Isaac Albeniz ont également composé des Habaneras.

Pour ce qui est de son expansion en Amérique, c'est à partir de 1840 qu'elle commence à se retrouver au Mexique, au Vénézuela, à Puerto Rico. En Argentine, le rythme de la Habanera donnera naissance plus tard au Tango (il est joué avec une accentuation de tous les temps). Les premiers Tangos comme "El Choclo" (1903) ou "La Morocha" (1904) contiennent déjà ce rythme.

Structure musicale

La Habanera est jouée de manière binaire en 2/4. Son tempo est plus lent que celui de la Contradanza.

La Habanera commence par une introduction suivie d'une répétition de 2 sections de 8 à 16 mesures chacune.

La Habanera :

  • "La Pimienta" (1836) - Habanera
  • "La Paloma" (environ 1860) de Sebastián Iradier - Habanera
  • "El Arreglito" (1863) de Sebastián Iradier - Habanera
  • "Tú" (1892) de Eduardo Sánchez de Fuentes - Habanera
  • Le CD Habaneras en el tiempo (1892) de Liuba María Hevia d'après les recherches de María Teresa Linares - Habanera
  • "Flor de Yumurí" de Jorge Ankerman - Habanera

3 Comments

  1. Bonjour

    J'ai un renseignement à vous demander au sujet de la hananera. L'accompagnement d'une habanera est bien une croche + quart de soupir et 2 croches. Mais dans une habanera authentique, ce rythme n'est il pas liée obligatoirement à une mélodie dans laquelle se succède 2 croches + 1 triolet ?

    Pouvez vous m'éclairer sur ce sujet.

    Je vous remercie

    Bien cordialement

    1. Bonjour,

      si je me réfère à la partition donnée par Wikipedia, je comprends que vous souhaitez comprendre pourquoi la rythmique qui se trouve entre les mesures 3 et 4 sur la portée notée "Carmen", qui vous semble être plus "directrice" que la rythmique de ces mêmes mesures sur la ligne notée "Cello", ne caractérise pas la Habanera.

      Le schéma "croche pointée - double croche - croche - croche" est une base rythmique. Il donne une assise rythmique que l'on retrouve, de manière plus ou moins prononcée, dans les diverses Habanera (en tout cas que j'ai écouté). Ceci n'empêche pas la ligne mélodique de "s'écarter" de temps en temps de cette ligne rythmique pour casser la régularité du schéma structurant/caractéristique cité.

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