La Trova

Naissance de la Trova

Au cours de la seconde moitié du 19ème siècle, naît au sein de la classe populaire des régions orientales de Cuba une forme de poésie chantée par des cantantes, auteurs, compositeurs et interprètes qui s'accompagnent à la guitare. Cette musique joue le rôle de moyen de divertissement mais aussi d'expression. Elle leur permet de commenter tout sujet qui attire leur attention.

À Santiago, les cantantes se concentrent dans les quartiers populaires de El Tivolí ou Los Hoyos et dans une moindre mesure de San Agustín ou El Guayabito. Souvent travailleurs manuels (barbiers, tailleurs, cordonniers, chauffeurs, cireurs de chaussures, charpentiers, boulangers, journaliers ou rouleur de cigares), la plupart du temps Noirs ou mulâtres, ces interprètes n'ont pas de formation musicale. Après leur journée de travail, ils prennent l'habitude de se réunir entre amis dans des peñas (rassemblement) pour interpréter leurs dernières compositions. Les maisons de Paco 'Paquito' Portela ou Eulalio Limonta abritent ces rendez-vous informels. Celle d'Eusebio Moreno est même surnommée le "conservatorio".

Ils se produisent dans des lieux simples comme des épiceries, des kiosques, des gargotes, les maisons closes de Barracones (une partie du quartier de Colón, près du port) ou plus fréquemment des cafés : Le Bon Calité (quartier San Agustín, entre le Callejón de Gata et Santa Rita), le Pajarito (quartier El Tivolí, entre Moncada et Los Hoyos), le Baltabarín (entre Calvario et Martí), la Bélgica, la Confronta (quartier San Agustín), le Japón (quartier El Tivolí, entre Santa Rosa et Rabí), le Loran, El Reguilete (quartier El Tivolí, entre Moncada et Los Hoyos), El Cisne Blanco... Ils ne gagnent pas leur vie de la musique mais leurs talents musicaux leurs permettent de gagner quelques pesos pour compléter leurs maigres salaires.

Dès 1870, on trouve la trace de rendez-vous entre Nicolás Camacho, Evaristo Molina et plus tard Eulalio Limonta et Francisco 'Pancho' Castillo au Campo de Marte (place maintenant rebaptisée Plaza de la libertad ou Plaza de Marte).

L'émulation des peñas fait naître des duos, des trios, des quartet, des quintets et des estudiantinas (petites formations). La nuit, ils chantent des serenatas (sérénades) sous la fenêtre d'une femme ou d'un ami, de manière spontanée, jusqu'au petit matin. Cela devient si populaire qu'il est rare de pouvoir traverser Santiago de Cuba sans entendre les chansons d'un de ces groupes.

'Pepé' Sánchez
'Pepé' Sánchez

Parmi ces cantantes, José 'Pepé' Sánchez est reconnu comme le précurseur de la future Trova. Né le 19 mars 1856, on raconte que ce tailleur de profession était un excellent musicien, remarquable guitariste à la belle voix de baryton. On disait que, bien qu'autodidacte, il avait un extraordinaire sens de l'harmonie et de la composition. Seuls les meilleurs avaient la capacité d'interpréter ses pièces musicales. 'Pepé' Sánchez est reconnu comme celui ayant donné sa forme créolisée définitive à la Canción Cubana. Il structure ses textes de manière rationnelle. On lui doit notamment les titres "Pobre artista", "Rosa no. 1", "Rosa no. 2", "Rosa no. 3", "Cristinita", "Te ví, te amé", "Cuando escucho tu voz", "Cuando oí la expresión de tu canto", "Esperanza", "Naturaleza", "Adán y Eva", "Ángeles y redondillas", "Legó", "Himno a Maceo" ou "Me entristeces mujer" aussi connu sous le nom de "Tristeza" (1883). Les compositions des cantantes étant transmises oralement, beaucoup ont été perdues bien que certaines connaissent un grand succès.

Alors que le contexte musical est empreint d'airs européens (Espagne, Italie, France) soutenus par des rythmes africains, l'arrivée de la Criolla à la fin du 19ème siècle change la donne. Les cantantes font naître un mouvement musical avec ses caractéristiques propres qui est académiquement appelé Neorromanticismo Popular Cubano et que l'on appellera plus tard Trova. Il se débarrasse de ses multiples influences européennes. Ses textes et sa cadence sont empreints d'une cubanité certaine. Sa signature rythmique est en 2/4 alors que l'usage veut que la Canción soit écrite en 3/4. Enfin, l'accompagnement à la guitare s'imprègne de la structure du cinquillo, rythmique introduite par les "français" d'Haïti qui s'est répandue progressivement dans l'Oriente.

'Sindo' Garay
'Sindo' Garay

'Pepé' Sánchez enseigna la musique ainsi que la guitare à un autre précurseur du genre, Antonio Gumersindo 'Sindo' Garay y García. Compositeur le plus prolifique de ce courant musical, ses œuvres les plus connues sont "La tarde", "Perla marina" (1911), "Retorna", "La baracoesa", "La alondra", "El huracán y la palma", "Adiós a La Habana", "La mujer bayamesa", "Tardes grises", "Guarina" (1912), "Ojos de sirena", "Rendido", "Labios de grana", "Fermania", "Rayos de oro" ou "Clave a Maceo".

'Pepé' Sánchez forme nombre de cantantes :

  • Rosendo Ruiz Suárez, auteur très prolifique : "Naturaleza", "Falso juramento", "Junto a un canaveral" (Guajira), "Se va el dulcerito" (Pregón-son), "Mares y arenas" (Criolla, 1911), "La chaúcha", "Rosina y Virgina", "Cuba y sus misterios", "Terina", "Presagio triste" ou "Confesión" (Bolero) ;
  • Alberto Villalón Morelas, interprète qui fit évoluer le jeu de guitare : "Esta muy lejos", "Yo reiré cuando tú llores", "Me da miedo quererte" ou "Boda negra" ;
  • José 'Chicho' Ibáñez, premier de ces cantantes à se spécialiser dans le Son, le Guaguancó et l'Abakuá. Il développa sa propre technique de tres, préférant cet instrument à la guitare. Parmi ses compositions, on peut citer : "Tóma mamá que te manda tía", "Evaristo", "No te metas Caridad", "Ojalá" (Son), "Yo era dichoso", "Al fin mujer" (Bolero-Son), "Qué más me pides", "La saya de Oyá" (Guaguancó) ;
  • Emiliano Blez Garbey ;
  • José 'Pepé' Figarola ;
  • Manuel Delgado ;
  • Leopoldo Rubalcaba ;
  • José 'Pepé' Bandera ;
  • Salvador Adams ;
  • Roberto Moya ;
  • Luis Felipe Portes ;
  • Juan 'Che' Ladrón de Guevara...

Bien que vivant à la Havane depuis son plus jeune âge, Manuel Corona Raimundo fait également partie des grands cantantes. On dit que dès qu'il le pouvait, il voyageait vers Santiago où il fit la connaissance de 'Pepé' Sánchez au café Colón en 1902. Il composa "Doble inconciencia", "Una mirada", "Guitara mía", "Las flores del Edén", "Mercedes" (1908), "Santa Cecilia" (1918), "Alfonsa", "Adriana", "Aurora" ou "Longina" (1916).

'Sindo' Garay, Rosendo Ruiz, Manuel Corona Raimundo et Alberto Villalón Morelas étaient appelés "les 4 grands de la Trova". Les qualités musicales de 'Chicho' Ibáñez égalent tout de même celles de ces derniers.

Au début du 20ème, la nouvelle génération de cantantes santiagueros comprend également Ángel Almenares. Mais la plupart des créateurs de ce qui sera appelé plus tard la Trova migrent vers la Havane, espérant améliorer leur situation économique dans la capitale ('Sindo' Garay, Rosendo Ruiz, Alberto Villalón...). En parallèle de leur activité professionnelle, ils vont de cafés (le Café Vista Alegre, La diana ou le Vueltabajo) en restaurants (El ariete), de cinémas (durant les entractes et les changements de bobines) en cabarets. La Havane révèle de nouveaux interprètes : les frères Oscar et Mario Hernandez Falcón, Rafael 'Nene' et Enrique 'Chungo' Enrizo ou Graciano Gómez Vargas. Grâce à la radio, les créations des cantantes et le patron musical oriental se répandent dans tout l'île. La maison Edison grave les premiers cylindres de 'Sindo' Garay en 1906. Matanzas découvre ainsi ses propres interprètes comme Manuel Luna Salgado ou Isaac Oviedo. Patricio Ballagas Palacio se fait connaître à Camagüey. Il est l'auteur de "Timidez" (1914) ou "Nena". À Sancti Spíritus, Rafael 'Teofilito' Gómez Mayea ("Temo al olvido", "Ayer pensando en ti"), Miguel Campanioni et Carlos 'Tata' Díaz de Villegas imposent leur style. Eusebio Delfín est découvert à Cienfuegos.

Dans les années 1920, l'apparition du Son tend à dominer tous les autres styles à la Havane. Les cantantes intègrent les sextetos et septetos soneros qui obtiennent une grande popularité. La future Trova se teinte et se lie avec le Son. Cependant, ces ensembles qui rassemblent beaucoup de musiciens coûtent cher et les petites formations de type duo ou trio continuent à exister. Ces dernières s'enrichissent avec le plus souvent une seconde guitare et des petites percussions (maracas ou claves). À Santiago, Trova et Son évoluent plus distinctement.

Entre 1914 et 1924, María Teresa Vera forme un duo exceptionnel avec Rafael Zequeira qui marque la future Trova. Beaucoup de leurs chansons sont composées par Manuel Corona Raimundo. À la mort de ce dernier, elle se joint à Lorenzo Hierrezuelo pour créer un nouveau duo de légende. Parmi les compositions les plus remarquables de María Teresa Vera, on peut citer "20 años", "Porque me siento triste", "No me sabes querer", "Yo quiero que tu sepas", "Cara a Cara", "Esta vez toco perder" ou "He perdido contigo".

María Teresa Vera
María Teresa Vera

Un autre interprète essentiel dans l'évolution de ce qui sera plus tard appelé Trova est Miguel Matamoros. Jeune, il forme un duo avec Salvador Adams. Il rejoint ensuite le Trío oriental avec son cousin Alfonso del Río (seconde guitare) et Miguel Bisbe (seconde voix et maracas). Le manque de disponibilité d'Alfonso del Río pousse Miguel Matamoros à chercher un autre partenaire et le remplace par Rafael Cueto. En 1925, Miguel Matamoros et Rafael Cueto dont la connaissance de Siro Rodríguez et forment le Trio Matamoros. Ils participent à la popularisation au niveau international de la bientôt nommée Trova.

Miguel Matamoros
Miguel Matamoros

Les cantantes marquent profondément la musique des années 1920 et 1930 à Santiago. Au milieu des années 1930, on prend l'habitude de les appeler trovadores. Cette appellation englobe également les précurseurs du genre tels que 'Pepé' Sánchez ou 'Sindo' Garay. Un trovador n'est pas simplement un chanteur. Ce terme représente une personne, un duo, un trio ou un quartet qui chante ses propres compositions, dont les paroles sont poétiques, et qui s'accompagne avec la guitare. Par extension, cela désigne aussi un mode de vie, souvent associé à celui des troubadours. L'ensemble de leur répertoire, composé de Boleros, de Canciones, de Guarachas, de Habaneras, de Criollas, de Claves, de Bambucos (apporté de Colombie à la fin du 19ème siècle par le va et vient du commerce)... prend le nom de Trova, Canción trovadoresca ou plus rarement de Canción rítmica. Pour ne pas confondre la Trova avec la Nueva Trova des années 1960, on lui donne souvent le nom de Vieja Trova ou Trova Tradicional.

Cependant, la Trova est déjà en train de disparaître au profit d'autres innovations musicales. Elle va décliner durant les 2 décennies suivantes même si, entre 1949 et 1953, Lorenzo 'Compay Primo' Hierrezuelo et Máximo Francisco 'Compay Segundo' Repilado Muñoz forment le remarqué duo Los compadres.

De nos jour, Eliades Ochoa et son Cuerteto Patría est l'un des peu nombreux héritiers de la Trova.

Eliades Ochoa
Eliades Ochoa

La Trova Espirituana

À l'image de Santiago de Cuba, la province de Sancti Spíritus découvre ses premiers cantantes au milieu du 19ème siècle. Armés de leur guitare, ils déambulent dans les rues et se réunissent sur les places ou dans le Parque Maceo pour partager leurs compositions. Parmi les premiers interprètes, figurent Sebastián Cuervo Serrano ("Mis quejas", 1884), le matancero Hilario Erice installé à Sancti Spíritus ou Alonso Mayea ("¿Quién fuera sol?", 1896). Quant à 'Chano' Díaz, il est l'un de ces grands représentants à Trinidad.

Dans les années 1890, ils vont développer un style particulier qui est propre à cette région. Leurs Boleros, composés en 2/4, suivent une structure singulière : prélude, première strophe, interlude, répétition de la première strophe, interlude, première strophe, seconde strophe et final. Cette structure unique prend le nom de Trova Espirituana. Au début du 20ème siècle, compositeurs et interprètes définissent les caractéristiques de ce mouvement.

La sérénade, jouée la nuit sous les fenêtres d'une personne pour lui témoigner son amour ou son amitié, reste un temps fort pour l'expression du mouvement. Ces événements peuvent marquer une date importante de la vie de la personne à qui elle est adressée mais peut aussi permettre aux trovadores d'arrondir leurs fins de mois. Les canciones sont lentes, voir très lentes, accompagnées d'instruments à corde jouant en arpège. Les Boleros se jouent à rythme modéré, voir vif. La Trova Espirituana, callejera (de la rue), est intimement liée à ces sérénades qui ont permis d'apporter quelques originalités musicales (accompagnement par un violon ou un saxophone). De nombreuses chansons ont été improvisées autour d'un prénom féminin encensé une nuit.

Dès les premières années du 20ème siècle, le guitariste Miguel Companioni Gómez se distingue par ses compositions comme "Mujer perjura" (1918), "Herminia" ou "La lira rota". Il forme nombre de duos ou trios, notamment avec Eugenio 'Tintino' Marín ou avec le couple Sigismundo Acosta et Luis Farías. Il est suivi de peu par Ángel Rafael 'Teofilito' Gómez Mayea, musicien prolixe aux connaissances musicales solides. Il sera à l'origine de divers duos (notamment avec Augusto Ponte) et trios (dont celui avec ses frères Misael et Bernardo). Parmi ses compositions, on peut citer "Pensamiento" (1915), "Si volvieras a mí" (1915) ou "Solo por tí" (1906). Puis vient quelques années plus tard, le guitariste et pianiste Alfredo Varona, auteur de "Ocilia" ou "La penúltima". Ses duos avec Ismael Ramos et Manuel Puig ont marqué la vie musicale de Sancti Spíritus des la fin des années 1910. Ces trios ont la particularité d'être composés d'une chanteur principal et un chanteur secondaire, accompagnés d'une seule guitare et d'une simple clave. Leurs morceaux se jouent à rythme modéré, voir vif.

À Trinidad, Lorenzo Guerrero fait figure de chef de file et entraîne Rafael Pomares de la Rosa, Rafael Saroza Valdés ou Alejandro Bequer.

À Sancti Spíritus, toute une génération prend le relais : Alfredo 'Cachito' Ordaz (guitare), Hector Borges (chant et percussion), Andrés Borroto (guitare et chant), Manuel 'Manolo' Gallo (guitare), Honorio Muñoz, Juan Rafael Rodríguez (chant et guitare) ou María Luisa Hernández. Petit à petit, une seconde guitare est introduite en complément de la première toujours présente.

La période des années 1930 et 1940 est florissante à Sancti Spíritus. Les trovadores sont nombreux, les peñas où ils donnent à connaître leurs créations également. Les contacts sont plus nombreux avec les autres centres trovadorescos. Ces cantantes participent au mouvement de la Trova intermedia. Nombre de duos et de trios se forment. Le Duo la Madrugada est fondé par Sigifredo Mora Palma en 1934 avec successivement Manuel Nápoles, Andrés Borroto, Fernando Castillo ou 'Tito' Fernández.

En 1944, Evelio López, dont la voix spécifique lui permet de se démarquer des autre formations, forme le Duo Miraflores avec Orlando Marín (guitare et seconde voix). Ils interprètent le répertoire de Miguel Companioni. Au cours des années 1940 apparaissent également les trios Hermanos Morgado, Hermanos Saucedo (connus pour avoir utilisé 3 voix et parfois 3 guitares, à l'image des tríos mexicanos), Rivadavia, Valdivia... À la fin des années 1940, Evelio Rodríguez se distingue comme l'un des plus importants animateurs de la vie musicale de la ville. Les clubs se disputent le Duo Espirituano qu'il forme avec Ramón Huerta.

Au début des années 1950, on peut citer Los Chamacos et le trio historique Trio Pensamiento (1953) avec 'Teofilito' Gómez, Miguel Companioni et Aristides Castañeda.

Les premières années de 1960 continuent d'être une période riche en trovadores : Vidal Cabrera ("Anita" enregistré par 'Compay Segundo', "Ayúdame", "Un son para Ramón" ou "Amigos del danzón"), Vidal Borrego ("Amor de media noche"), Juan Cancio, Enrique Castro ("Lo que más he querido" ou "Anhelo postumo"), Teresita Díaz et José García dans le Duo Teresita y José, Roberto Jiménez ou César Pérez ("Como el alba"). En 1960, Roberto Jiménez fonde le trio Los Villa. En 1964, quand Orlando Marín quite le Duo Miraflores pour le Trio Pensamiento, il est remplacé par José Cardoso. Puis en 1972, Manuel Nápoles rejoint le duo qui devient le Trio Miraflores. En 1978, Juan Cancio rejoint le trio.

Bien que plusieurs compositeurs et interprètes de la Trova Espirituana adhèrent entre les années 1960 et 1970 à la Nueva Trova, la tradition espirituana est maintenue dans les années 1970 et 1980 grâce à des artistes comme Wilfredo Bécquer ou les frères José et Lázaro Cardoso. De jeunes trovadores renouvellent la tradition sans la trahir : Reinaldo Méndez et son Trio Colonial, Lourdes Caro ("Mi beso raro" ou "Tus ojos") dans le duo Las Amigas ou le groupe Yayabo. En fin de siècle, parmi les représentants de la Trova Espirituana, on peut citer Carlos Mauel Borroto, Luis Ulloa (guitariste) ou Delvis Sarduy Companioni. Parmi les groupes notables, le Trio Taupier en 1991, le Duo Madrigal en 1992, le Trio Cuerdas de Oro, le Trio Espirituano en 1993, le Trio Yayabo en 1999 (Eduardo Morgado, José Reina et Rubén Sosa) ou Duo Nuestras Almas (Leticia Ulacia et Rosa Rodríguez accompagnées de Claudio Mauri).

La Trova dans le monde

Les mots "trova" ou "trovador" sont également utilisés dans d'autres pays d'Amérique du Sud et Centrale (Mexique, Chilie, Colombie...) mais désigne des styles musicaux qui n'ont pas de rapport avec la Trova cubaine. C'est plutôt une chanson de protestation, souvent proche du Rock.

L'instrumentation

Le seul instrument qui accompagne la voix est la guitare. Les trovadores emploient au départ les techniques du rayado et du rasgueado. Cette dernière technique, amplement employée dans la musique espagnole comme le Flamenco, est obtenue en déployant les doigts en éventail. Grâce à Alberto Villalón Morelas, le jeu s'enrichit et évolue vers le bordoneado. La progression harmonique s'effectue par tons entiers ou chromatiques. Le phrasé de la guitare est empreint du cinquillo. Tout en préférant de petites formations, à cause du volume limité de la guitare, la première guitare est au cours du 20ème siècle souvent complétée par une seconde guitare ou plus rarement par un tres et avec l'influence du Son de petites percussions (maracas ou claves).

Eusebio Delfín et Vicente 'Guyún' González Rubiera Cortina enrichissent encore la technique de jeu de guitare. Certains utilisent le nom de Trova intermedia pour qualifier le genre musical né de ces évolutions.

Alors que les premiers trovadores chantaient seuls, l'usage du duo devient rapidement une spécificité de l'Oriente. Patricio Ballagas Palacio introduit une nouvelle façon de chanter : après une introduction pendant laquelle les 2 voix sont juxtaposées, la seconde voix (segundo) interprète en contrepoint un texte différent de celui de la première voix (primo). Optionnellement, les voix peuvent s'unir à nouveau pour la conclusion du morceau.

Les paroles de la Trova adressent tous les sujets : les histoires d'amour, des anecdotes humoristiques mais aussi le nationalisme car divers cantantes participèrent activement à la guerre d'indépendance. La plupart des titres de la Trova se situent plutôt dans un registre romantique. Les textes sont fréquemment des vers de 10 pieds.

Caractéristiques musicales

La Trova se joue à rythme lent, avec des rubato (libertés rythmiques). La signature rythmique est généralement en 2/4.

On peut citer nombre de duos célèbres à écouter :

  • 'Sindo' Garay et son fils Guaronex ;
  • Floro Zorilla et Miguel Zaballa ;
  • María Teresa Vera et Rafael Zequeira ;
  • María Teresa Vera et Lorenzo Hierrezuelo ;
  • Manuel Luna Salgado et José Castillo ;
  • Pablo Armiñan et Manuel Luna Salgado ;
  • Pablo Armiñan et Augusto Castillo ;
  • Pablo Armiñan et Juan Limonta ;
  • Lorenzo 'Compay Primo' Hierrezuelo et Máximo Francisco 'Compay Segundo' Repilado Muñoz.

À cette liste, il faut ajouter :

  • le Trio Matamoros (Miguel Matamoros, Rafael Cueto et Siro Rodríguez) ;
  • le trio composé de Pablo Armiñan, Ángel Almenares et Juan Limonta ;
  • le cuarteto Castillo composé de Manolo Castillo, Ángel Almenares, Juan Medina et Emilio Carbonell qui s'agrandit ensuite avec l'arrivée de Benito Antonio 'Ñico Saquito' Fernández Ortiz ;
  • José 'Joseíto' Fernández ;
  • Carlos Puebla ;
  • Vicente 'Guyún' González Rubiera Cortina.

La Trova :

La Trova Espirituana :

'Pepé' Sánchez :

'Sindo' Garay :

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